L’enracinement, premier besoin de l’âme

L’enracinement, premier besoin de l’âme  ©Getty - Thna Wuthi Chea Raka / EyeEm
L’enracinement, premier besoin de l’âme ©Getty - Thna Wuthi Chea Raka / EyeEm
L’enracinement, premier besoin de l’âme ©Getty - Thna Wuthi Chea Raka / EyeEm
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Fin 1942, neuf mois avant sa mort, Simone Weil rejoint le général de Gaulle à Londres où elle est chargée de rédiger une constitution intellectuelle pour l'Europe attendue après le nazisme, un texte sur la spiritualité de l'homme appelé "L'enracinement", son deuxième grand oeuvre.

Avec
  • Chantal Delsol Philosophe, romancière, éditorialiste, professeure émérite de philosophie politique et membre de l’Institut, Académie des Sciences morales et politiques

L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.                          
Simone Weil

En 1942, Simone Weil rejoint Londres pour présenter ses services au Conseil National de la Résistance. De Gaulle a deux objectifs : combattre jusqu’à ce que la France soit libérée et réorganiser le pays sur de nouvelles bases.
En raison de sa santé fragile, Simone Weil participe au deuxième objectif et le CNR lui demande de rédiger un projet intitulé Déclaration des droits de la personne. Elle écrit d’une traite et pratiquement sans rature L'enracinement.
L’engagement de la philosophe dans la résistance rejoint alors l’histoire politique. 

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L'invitée du jour :

Chantal Delsol, philosophe, romancière, éditorialiste, professeure émérite de philosophie politique et membre de l’Institut, Académie des Sciences morales et politiques.
Chantal Delsol a dirigé l’ouvrage Simone Weil aux éditions Cerf, collection Les cahiers d’histoires de la philosophie.

Genèse de "L’enracinement"

Simone Weil avait quitté l’Atlantique, elle était sauvée... Mais elle avait une vieille idée : être infirmière pour le front. La guerre l’avait toujours intéressée, non seulement pour faire de la sociologie, mais pour comprendre un peu mieux les choses, au fond c’était une militante, elle était active dans sa tête, mais son corps ne suivait pas… C’est pour ça qu’elle est partie à Londres, parce qu’elle voulait être infirmière, alors que l’ensemble de son entourage n’approuvait pas. Quand elle est arrivée dans l’entourage du Général de Gaulle, tout le monde a compris que ce n’était pas possible. Que faire d’elle ? Ils se sont dit : « Mettons-la à écrire, puisque c’est ce qu’elle sait faire ». C’est comme ça qu’elle a commencé à écrire "L’enracinement".
Chantal Delsol

Textes lus par Hélène Lausser :

  • Le droit et l'obligation, extrait de L'enracinement de Simone Weil, éditions Gallimard Folio essais
  • Enracinement, premier besoin, extrait de L'enracinement de Simone Weil, éditions Gallimard Folio essais
    et musique de Kammerflimmer Kollektief, Action 4: Wasted, Ivano-Frankivsk

Sons diffusés :

  • Début d'émission : Appel du général de Gaulle du 22 juin 1940 depuis Londres
    et musique des The Clash, London Calling
  • Archive d'Emmanuel Macron du 3 juillet 2017 au Congrès à Versailles
  • Archive de Maurice Schumann témoignant de la grande humanité de Simone Weil
  • Chanson de fin : Nina Simone, Nobody knows you're down and out

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